Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

 
Envers celle qui fit notre destin plus doux,
Comme envers le destin qui la mit près de nous ?
Beaux soirs que l’union de deux âmes protège !
Sur des traits craquelés de rides, sous la neige,
J’ai vu, maître, j’ai vu, dans les yeux des vieillards.
Un passé de tendresse animer leurs regards ;
J’ai souhaité parfois baiser ces mains flétries,
Qui se tiennent durant les lentes causeries
Où repasse le flot des bonheurs d’autrefois,
Auquel se rajeunit l’accent usé des voix !


Le Vieillard.

Pour un de ces tableaux si rares que la Fable
A fait asseoir des Dieux bienveillants à la table
De deux époux vieillis qui, par l’un l’autre heureux,
Sont restés, à travers le brouillard de leurs yeux,
Tels qu’ils se sont connus à leur jeune rencontre.
Cherche ce que la vie, autour de toi, te montre
De désaccord, d’ennui, de mutuel soupçon,
De drame adultérin, de dégoût, d’abandon,
De haine où chaque jour ajoute une amertume !
Sur les amours vieillis vois flotter leur écume !