Nous sortons du port, nous prenons la mer !
Au mât redressé nous hissons les voiles,
Nous tournons la proue à l’espace ouvert,
On n’y voit le jour que le grand flot vert,
On n’y voit la nuit que l’or des étoiles !
Nous sortons du port, nous prenons la mer !
Nous avons assez du repos des rives,
Le sel âpre et pur manque à notre chair.
Nos yeux ont besoin du ciel vaste et clair,
Cueillez, ô terriens, vos paniers d’olives !
Nous sortons du port, nous prenons la mer !
Nous aimons en fils son grand sein qui roule.
Qui roule apaisé sous la paix de l’air,
Qui roule en heurtant l’orage et l’éclair ;
Notre cœur grandit quand grandit la houle !
Nous sortons du port, nous prenons la mer !
Vous nous attendez, périls et fatigues ;
Nous serons demain les mêmes qu’hier.
Nous savons souffrir pour avoir souffert ;
Cueillez, ô terriens, vos paniers de figues !