Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/47

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Le Vieillard.

L’ivresse des départs est justement la preuve
De la folie humaine, à qui toute heure neuve
Semble belle, tandis qu’elle rompt ou détend
L’effort qu’il faut au cœur pour demeurer constant !
Devant l’incertitude effeuillante du rêve.
L’homme indécis s’éprend de tout ce qui l’enlève
À l’austère réel qui veut la volonté.
Mais chaque changement auquel il s’est jeté
A bientôt épuisé son ivresse futile ;
Tu restes sur ton cap, ô sagesse immobile !
Avant huit jours passés, ces marins trouveront
L’ennui, l’étroit ennui dans leur vaste horizon,
El si les goëmons ne leur font un suaire.
Tu les verras joyeux de retrouver la terre,
Et tu les entendras chanter l’entrée au port,
D’un chant où l’allégresse aura le même essor.

Au dessus des grands buis, et parce que le
terrain derrière eux est en pente montante,
on voit passer l’étrangère ; son buste, de profil,
apparaît jusqu’au dessous de la gorge. Elle est
très belle. Elle a dans ses cheveux une guirlande