Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/55

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D’autres félicités et des bonheurs plus rares
Que ceux qui sont aux mains de nos modestes Lares !
Je veux, je veux aller, au bord de cette mer
Que Neptune soumet à son trident de fer,
Et d’où Vénus tira l’or de sa chevelure,
Offrir à leurs desseins mon âme encore obscure !
Ils me révéleront, par un signe certain,
Si l’un d’eux ou tous deux ont marqué mon destin
Pour les périls et pour les splendeurs de leur culte,
S’ils appellent mon cœur à leur noble tumulte,
Si je serai de ceux qui sont par eux élus
Pour garder ici-bas les regards résolus,
Les sourires profonds, pleins de tristesse sage,
Et les fronts couronnés par des traces d’orage.
Et si vous m’ordonnez, ô Dieux, de vous servir,
Me voici devant vous, prêt à vous obéir !


Il s’éloigne vers la mer comme entraîné, et,
traversant son petit jardin, disparaît presque
aussitôt parmi les buttes de sable. Le vieillard
qui l’a suivi du regard reste, un long instant,
les yeux fixés sur l’endroit où il a cessé de le
voir.