Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/67

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Le Potier.

Ton cher souhait arrive au moment opportun !
Je ne m’en surprends pas, car je sais que chacun
De tes actes, ô vierge, et de tes mots contient
Je ne sais quoi de juste et doux, que ton maintien
Révèle à l’étranger qui t’aperçoit passer ;
Tes lèvres et tes mains ne savent dispenser
Rien qui ne soit heureux et sage et bienfaisant.
Et c’est pourquoi ce vœu dont tu me fais présent
Tombe à l’instant propice où mon travail est prêt,
Où mon âme s’emplit de ce vague intérêt
Qui semble précéder le sujet inconnu,
Dont rien, sauf son émoi, vers nous n’est parvenu,
Et qui nous tient charmés sans apparaître encor.
Mon tour impatient de son prochain essor
Frémit ; l’argile neuve en sa souple fraîcheur
Attend, du front penché, la goutte de sueur
Qui l’emplit, en tombant, d’un désir de beauté ;
Le rang de mes outils de buis est ajusté,
Et ma main s’approchait de la tâche du jour.
Si ton vœu, par les Dieux exaucé, me secourt,
Ce que j’entreprendrai, ce matin, vaudra mieux
Que tout ce que j’ai fait sans cet auspice heureux.