Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/75

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Que l’âme, en la fureur des membres dispersée,
Se retrouve et reprend, quand leur fougue est lassée,
Sa cime abandonnée et dont elle est moins digne ;
Et la flûte est perfide à l’égal de la vigne !


La musique que j’aime est celle de la lyre,
Quand l’éloge des Dieux ou des héros l’inspire,
Et lorsqu’un noble chant trouve en son harmonie
La puissance et l’élan de montée infinie
Que le rythme éternel donne au sens des paroles !
Les bonds les plus légers de tes danseuses folles
S’achèvent sur le sol en languissantes poses,
Et tandis que leur main se joue avec les roses
À leur front fléchissant par leur fureur laissées,
Leur esprit vague et trouble absorbe ses pensées
Dans cet effeuillement de fleurs déjà flétries.
Qu’il vaut mieux voir passer les blanches théories
De vierges dont les yeux sont levés vers le temple !
Si leur cortège pur peut me servir d’exemple,
Que la robe aux plis droits vête ma marche lente,
Et que, loin des tambours aimés du corybante,
Je m’en aille, écoutant une noble musique,
Vers quelque bois sacré ou quelque clair portique