Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/79

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Quand, sous son voile ardent et de torches suivie,
On la conduit au seuil étranger où sa vie
Doit trouver son bonheur ou sa longue méprise.
Son cœur peut redouter l’instant où sa main brise
Avec un inconnu le gâteau de sésame.
Que de soupirs tenus dans un épithalame !
Si tu vois, en ce jour, les larmes maternelles
Couler, c’est que parfois les mères ont en elles
Des souvenirs qui font mentir cette allégresse.
Entre un double avenir de joie ou de détresse,
Ce jour aux cris joyeux est pareil à la lance
Qui vacille, frémit, tremble sur la balance,
Ignorant quel plateau doit monter ou descendre !
Que de flambeaux d’hymen ont une triste cendre !
Et souvent au matin de la première étreinte,
L’épouse pâle, au cœur déjà battu de crainte,
Sait qu’elle pleurera plus tard, lorsque sa fille,
Voilée et précédant la torche qui pétille,
Quittera sa maison pour la maison d’un autre.
Car la main de l’époux où se place la nôtre
Tient ou l’or ou l’airain de notre destinée.


Aussi lorsque je vois la forme ensafranée
De la vierge au milieu du célébrant cortège,