Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vers quel seuil et quel sort s’en va cette enfant blême ?
Et quel vin remplira le vase à jamais vide ?
 »
Plus ton art aura fait cette pompe splendide,
Noble, belle, touchante et qui semblera vivre,
Plus mes yeux inquiets s’attacheront à suivre
L’immobile progrès où ta main l’a fixée,
Et l’énigme sans fin qu’elle tient embrassée.


Le Potier.

Que faut-il donc, ô vierge, à ton goût dédaigneux ?
Le succès que pour moi tu demandais aux Dieux,
Ce vœu d’un jour fécond, en toi-même arrêté,
En fait un jour de doute et de stérilité !
À quoi puis-je employer mon argile et mon art
Et mon âme, si rien ne plaît à ton regard
De ce qui voudrait naître et vivre sous ma main ?
Je puis jeter ma glaise au milieu du chemin,
Qu’elle parte attachée aux pieds du voyageur,
Puisqu’il n’en peut sortir, sous mon ingrat labeur,
Que des formes sans grâce et des œuvres sans prix.
Puisque l’indifférence et presque le mépris