Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/82

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Sont l’accueil que reçoit chaque offre que je fais,
Et ta froide parole a tué tes souhaits !


La Jeune Fille.

Ne peux-tu consacrer ton art, et cette argile,
Et ton âme, à vêtir un sujet moins fragile
De la victorieuse et sereine durée
Par les rayons du beau pour toujours conférée
À la matière obscure arrêtée en sa fuite ?
N’est-il point de sujets plus élevés qu’habite
Quelque grave penser où tient la vie humaine
Dans un des moments où, d’elle-même certaine,
Elle se sent, parmi ses flots d’inquiétude,
Digne d’être éternelle ? Alors quelque attitude,
Où, par la force calme et le repos du geste,
Ce ferme sentiment de constance s’atteste,
Scelle et semble garder dans une noble empreinte
Un long effort de vie intègre, altière ou sainte.
Ton art peut bien fixer la fureur d’une danse,
Mais combien lui sied mieux l’auguste concordance
Du pouvoir qu’il détient d’accorder la durée,
Avec une action qu’a déjà consacrée