Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’avec un art pieux et plein de révérence
J’aurais voulu prêter toute son éloquence,
Sa sublime éloquence, à l’une de ces stèles
Où l’on voit le portrait de deux époux fidèles
Qui se donnent la main, sur la double effigie
Dont l’une est de douceur et l’autre d’énergie.
Sur une roche, au bord d’une moisson fauchée,
L’époux las s’est assis ; l’épouse rapprochée,
Debout dans les longs plis de sa tunique étroite,
Sur l’épaule de l’homme a posé sa main droite.
Et, lui, tient dans ses mains, l’autre main de la femme ;
Vers le viril regard levé qui la réclame,
Elle a penché son front, ses yeux et son sourire.
Quoique unis dès longtemps, tous deux semblent s’élire
D’un choix nouveau sans cesse, et leur même tendresse,
Comme au jour du premier aveu qui la confesse,
Renaît toujours récente en sa longue habitude,
Et met un jeune émoi dans de la gratitude.
Forts et fiers l’un de l’autre en leur accord superbe,
De leurs jours mûrissants ils ont lié la gerbe
D’un lien d’amitié, de constance et d’estime.
Leurs traits sont ennoblis d’une lumière intime ;
C’est l’orgueil de la tâche en commun accomplie.
Chaque face, à la fois ardente et recueillie,