Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/89

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Verse et reçoit un flot d’amour, et cet échange,
Inondant ce tableau, le transforme en louange
D’un hymen que les cœurs gardent pur comme eux-mêmes.
Ainsi, ces deux époux deviennent les emblèmes
D’une vie entreprise avec force, et conduite
Jusqu’au bonheur serein que sa beauté mérite !
Derrière eux, des enfants, parmi les gerbes mûres
Courent, hardis et nus, ou grimpent aux ramures
Qu’un rougissant fardeau de fruits fait fléchissantes ;
Et plus loin, se croisant en rencontres décentes,
De beaux adolescents, des vierges se saluent,
Dont les cœurs, innocents encore, perpétuent.
En rêves imprécis, germe lointain de l’acte,
L’heureuse hérédité de cet auguste pacte
Dont la grandeur pénètre et consacre la stèle.
Et plus tard, puisqu’il n’est nulle chose mortelle
Qui ne doive aboutir à la nuit inféconde.
Comme un saule pleureur arrive à toucher l’onde,
Sur le bord de laquelle il a pris sa racine.
Du feuillage tremblant que chaque jour incline.
Plus tard, quand ces époux, ayant clos leur journée,
Se tiendront par la main pour l’éternelle année.
Cette stèle, ô potier, devenue un exemple,
Mettra sur leur tombeau comme un fronton de temple.