Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/90

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Et le passant pensif, oublieux de ses fièvres,
Fera vivre leur nom au respect de ses lèvres.


Ne pense pas au moins que cette scène exige
Un moins rare génie, et qu’un moindre prestige
Récompense la main qui l’aura modelée !
Non ! la puissance d’art en elle révélée
Passe les souples jeux où l’ébauchoir habile
Pare de fantaisie et de grâce l’argile !
Que sont, potier, que sont tes coupes, tes cratères,
Malgré leur décor fin et leurs lignes légères,
Que sont, malgré l’attrait des courbes gracieuses,
Bondissants ou couchés, les corps de tes danseuses,
Qu’est le déroulement somptueux d’un cortège,
Auprès de ce travail que garde et que protège
Ce que la vie humaine a de plus haut et grave ?
Sais-tu ce qu’il te faut de subtil, de suave,
De riche, de profond, d’énergique, de tendre,
Pour que ton art comprenne et qu’il fasse comprendre
Cette offrande de cœurs en un regard enclose,
La promesse et la foi de la main qui se pose,
Tant de chers souvenirs qu’un sourire rassemble,
La fierté, le bonheur, l’espoir de vivre ensemble
Qui sont dans chaque geste et rayonnent de l’être,