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Docteur HornhooJi ; le 1®"" avril, \q. première EpUre àLapraik ; le 21 avril, la seconde ; en mai VEpitre à William Simson le maître d'école, avec ses jolis passages sur la poésie écossaise ; en août VEpître à John Goldie ; en septembre la troisième EpUre à Lapraik et VEpître au Révérend Mac Math ; en octobre la seconde EpUre à Davie.C est la période de ces charmants poèmes, familiers, alertes, gais, souvent pleins de détails biographiques, qui imi- tent et dépassent les modèles qu'en avait donnés Allan Ramsay. A partir de ce moment la production se presse encore ; en même temps elle s'anoblit et s'élargit. Chaque semaine, presque chaque jour, en ces quel- ques mois fructueux, donne une pièce. Les chefs-d'œuvre se succèdent ; on peut dire que Burns serait immortel rien qu'avec ce qu'il a écrit pen- dant les deux mois de novembre et de décembre 1785. Cette série s'ouvre par la fameuse pièce de la Veillée de la Toussaint ; l'admirable et tendre pièce à la Souris est aussi de novembre; puis viennent l'une sur l'autre, l'Adresse au Diable, le Breuvage Ecossais et surtout ces deux morceaux de premier ordre le Samedi soir du Villageois et la plus étonnante, à nos yeux, de toutes ses créations, sa cantate des Joyetix Mendiants. Telle était sa fécondité à ce moment qu'il laissait ses œuvres sans en prendre souci et que cette cantate fut oubliée, presque perdue et ne parut qu'après sa mort. Le jour de l'an de 178G c'est le Salut matinal de bonne année du vieux fer- mier â sa vieille jument Maggie, une poésie pleine du sentiment des bêtes. Pendant les premiers mois de l'année, ce sont, coup sur coup, les Deux Chiens, le Cn et la Sincère Prière de l'Auteur aux Représentants Ecossais à la Chambre des Communes, à propos d'un acte sur les distilleries écossaises, l'Ordination, la jolie EpUre à James Smith, avec sa vaillante philosophie et sa crànerie, cette admirable et noble pièce de la Vision qui est comme le couronnement et la consécration de toute cette fécondité, l'Adresse aux très Vertueux, la Sainte Foire, peut-être sa plus forte peinture de mœurs ; la célèbre ode à la Pâquerette t^^i du mois d'avril. Puis s'entassent immédia- tement une suite de pièces mélancoliques et désespérées qui corres- pondent à des angoisses de cœur : à la Ruine, Lamentation occasionnée par l'issue infortunée de r Amour d'un Ami, le Désespoir. Arrivent alors la sage et virile Épltre à un Jeune Ami, qu'on comparerait presque pour la sagesse pratique aux conseils de Polonius à son fils ; enfin l'Adresse à Behebud, le Songe, la Dédicace à Gavin Hamilton, l'Epitaphe d'un Barde. Avant le mois de mai 1786, tout un volume était écrit, dont il n'existait, pour ainsi dire, rien en janvier 1785. Cette production était entassée en quinze mois. Si on place, dans les interstices de ces pièces capitales, des chansons, des épitaphes, des épigrammes, des billets poétiques, d'autres morceaux divers de moindre importance ; si on considère qu'il y a, dans ce flot, des satires, des élégies, des tableaux de mœurs, des pièces d'une moralité et d'une noblesse incomparables, des cris de douleur, des épîtres familières, de tout enfin, on comprendra l'étonnement que cause à ceux