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Tordront mon âme, avant que Phœbns s'abaissant Ne baise au loin la mer occidentale.

Et quand, la nuit, je me jette sur ma couche,

Meiu-tri, harassé de soucis et de chagrin.

Mes nerfs brisés de fatigue, mes yeux usés de larmes

Veillent comme les voleurs nocturnes :

Ou si je sommeille, l'imagination, maîtresse.

Règne, farouche, hagarde, folle d'épouvante :

Même le jour, malgré ses amertumes, est un soulagement

Après ces nuits qui respirent l'horreur.

Dans le Desespoir, pièce composée peut-être après les autres, en un de ces moments où la douleur tend à se généraliser en réflexions et s'infiltre, pour ainsi dire, dans les idées, la souffrance devient une vue pessimiste de la vie humaine.

Accablé de chagrin, accablé de souci,

Fardeau plus lourd que je ne puis porter.

Je m'assieds à terre et je soupire :

f vie, tu es une charge douloureuse,

Sur une route âpre et fatigante.

Pour des malheureux tels que moi !

Quand je jette mon regard dans le sombre passé,

Quelles scènes pénibles apparaissent !

Quelles peines nouvelles peuvent me percer?

J'ai trop lieu de les redouter !

Toujours soucieux, désespérant ,

Tel est mon sort amer :

Mes douleurs ici-bas ne se fermeront

Que lorsque se fermera ma tombe.

jours enviables, jours de jeunesse,

Vous qui dansiez insouciants dans le labyrinthe du plaisir,

Ignorant le souci et le mal !

Pourquoi vous échanger contre des moments plus mûrs,

Pour sentir les folies et les crimes

Des autres ou les miens propres !

Et vous, petits enfants, qui innocemment jouez

Comme des linots dans les buissons,

Vous ne savez pas quels maux vous demandez

Quand vous désirez être des hommes ;

Les pertes, les peines,

Qui saisissent l'homme mûr ;

Rien que des alarmes, rien que des larmes

Pour la vieillesse obscurcie i ! »

Cette désespérance atteint son apogée dans un appel à la mort, au-delà duquel il n'y a plus que le suicide.

1 Despondency, an ode.