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phases différentes depuis le moment où, selon les vers de Fergusson,

Le raatin avec de jolis sourires pourprés, Embrasse le coq aérien de St-Giles *.

Ce sont d'abord les allées et venues du matin , les courses et les causeries des servantes. Vers midi, on voit les hommes d'affaires et de loi sortir de la Parliament House et se diriger par groupes vers les tavernes pour y prendre leur méridien. C'est généralement un verre d'eau-de-vie et une grappe de raisins secs qu'on demande sous la forme métapho- rique « un coq froid et une plume ^ ». De une heure à deux, tout le monde se réunit, dans le High Street, à l'endroit oii était autrefois la croix d'Edimbourg 3. On y bavarde ; on y apporte et on y colporte les nouvelles de la ville ; l'homme d'affaires y cause d'intérêts ; l'homme de loi y rencontre ses clients; le beau, en gilet d'écarlate, en manteau et en cravate de dentelle, souliers à boucles, perruque à bourse et tricorne, y vient étaler sa toilette *. Il attend le moment d'aller à l'Assemblée. On se presse au milieu de la rue, bien qu'à deux pas le Parliament close, une place avec sa belle statue équestre de Charles II, reste déserte. « La compagnie ainsi rassemblée est régalée d'airs variés, joués sur un carillon placé dans un clocher voisin. Comme ces cloches sont bien accordées et que le musicien, qui reçoit un salaire de la ville, en joue assez bien, ce divertissement est réellement agréable et très nouveau pour les oreilles d'un étranger ^ ». C'est du clocher de St-Giles que ce carillon tombe sur toutes ces conversations.

Dans l'après-midi, les dames font leur apparition dans leurs toilettes claires, pompeuses et compliquées, avec leurs longs corsages en pointe, leurs hautes coiffures et leurs vastes jupes de soie de France, brochée de fleurs de couleur ou ramagée d'or et d'argent^. Celles qui vont à pied portent sur leur bras la traîne de leurs robes ', car les rues d'Edimbourg ne sont pas faites pour être balayées avec de la soie. Beaucoup passent dans des chaises à porteurs tenues par des laquais en livrée ou par des porteurs qui viennent tous des Hautes-Terres. C'est, avec la garde civique, le monopole des Gaëls *. Quelques grandes dames même vont en carrosse, bien que ce soit maintenant un problème pour les archéologues que de savoir comment une voiture passait dans ces ruelles. D'ailleurs les distances

1 Fergusson. Auld Reekie.

2 R. Chambers. Traditions, p. 163.

«f SmoUelt. Humphry Clinker. Matt. Bramble, July 18.

4 "Wilson. Réminiscences, tom I, p. 227-28.

5 SmoUett. Humphry Clinker. Matt. Bramhle, July 18.

C R. Chambers. Traditions, p. 218. Female Dresses of Laul Cenlury, passim.

"7 Id. , p. 219.

8 R. Chambers. Traditions, p. 194.