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instants et surtout à l'heure de l'angoisse et de l'épreuve, un ami cher, un consolateur, un guide et un gardien.

Que tes serviteurs sont bénis, ô Dieu,

Que leur défense est sûre !

Ils ont pour guide la sagesse éternelle,

Pour appui, la Puissance infinie.

Pardonnez-moi, Clarinda, le tort que je vous ai fait. Ce soir, je vous verrai, car je n'aurai pas de repos, avant de vous voiri.

Mais peut-on rester sur ces aveux d'imprudence et sur ces demandes de pardon? Tout naturellement, il vient au cœur et aux lèvres des promesses de réparation, des serments de fidélité éternelle, des engage- ments de compenser tout ce qu'on a fait perdre. On veut effacer le dommage qu'on a causé. On croit soi-même qu'on ne faillira pas à le faire. C'est ce que fait Burns.

Je viens de recevoir votre première lettre d'hier, par suite de la négligence de la poste. Clarinda, les choses sont devenues très sérieuses pour nous. Ecoulez-moi donc sérieusement, et écoute-moi, ô Ciel I

Je vous ai rencontrée , ma chère Clarinda , de beaucoup la première des femmes , du moins pour moi. Je vous estimai, je vous aimai à première vue ; et vous m'avez fait l'honneur de me rendre ces deux attachements. Plus je vous connais, plus je découvre en vous de charme inné et de mérite. Vous avez souffert une perte, je le confesse, à cause de moi ; mais si l'amitié la plus ferme, la plus sûre, la plus ardente ; si tous les efforts pour être digne de la vôtre ; si un amour fort comme les liens de la nature et saint comme les devoirs de la religion ; si toutes ces choses peuvent ressem- bler de loin à une compensation pour le mal que je vous ai occasionné ; si elles sont dignes d'être acceptées par vous ou peuvent au moindre degré ajouter à vos joies — puissiez-vous, pouvoirs célestes, secourir Sylvander à son heure de détresse comme il offre tout cela prodiguement à Clarinda !

Je vous estime , je vous aime comme amie ; je vous admire, je vous aime comme femme, au-delà d'aucune autre dans le cercle de la création. Je sais que je continuerai à vous estimer, à vous aimer, à prier pour vous, que dis-je? à prier pour moi-même par amour pour vous i.

Et le lendemain il écrivait en termes aussi forts et aussi engageants :

Je suis à vous, Clarinda, pour la vie. Que tout ceci ne vous décourage pas. Regardez en avant ; dans quelques semaines je serai, dans un endroit ou dans un autre, hors de la possibilité de vous voir : jusque-là je vous écrirai souvent mais j'irai rarement vous faire visite. Votre renommée, votre bien-être, votre bonheur me sont plus chers que toutes les joies. Consolez-vous, mon aimée I le moment présent est le plus dur ; la bienfaisante main du temps est occupée, chaque jour, chaque heure, soit à alléger le fardeau, soit à nous rendre insensibles à son poids. Aucun de ces amis, je veux dire M' — et les autres messieurs, ne peut nuire à vos ressources ; et quant à leur amitié, peu de temps vous apprendra à ôtre tranquille et , peu après , à être heureuse sans elle. De décents moyens de vivre dans le monde, uu Dieu qui vous approuve, une

1 To Clarinda, léth Feb. n88.