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fixait son esprit sur cette glèbe et qu'il voyait les résultats de la saisoo, il se sentait des inquiétudes sur le marché qu'il avait fait en prenant la ferme. Les récoltes, à mesure qu'elles tombaient, semblaient plus maigres; la terre apparaissait dure, pétrie de cailloux. Avec ce sein ingrat, donne- rait-elle jamais plus que ces chétifs épis? Il n'y avait pas là de quoi payer le loyer. 11 prévit le pire et, du même coup, songea à sa place de l'Excise, comme une aide s'il parvenait à continuer sa vie de fermier, comme une ressource s'il était forcé d'y renoncer. L'impression du danger fut si vive et si poignante que, dès le commencement de septembre, dès le 10 septembre, il écrivait à M. Robert Graham, un des commissaires de l'Excise, pour lui demander un emploi.

« Il y a quelque temps, votre honorable Comité m'a donné ma commission dans l'Excise , que je regarde comme mon ancre de salut dans la vie. Ma ferme , maintenant que je l'ai essayée un peu, bien que je pense quelle deviendra avec le temps un marché où je ne perdrai pas, n'est cependant pas l'affaire avantageuse qu'on m'avait fait espérer. Elle est au dernier point d'épuisement et de pauvreté, et il faudra

quelque temps avant qu'elle puisse payer la rente Mais je suis maintenant

embarqué dans la ferme. Je suis marié et je suis déterminé à tenir bon sur mon bail, jusqu'à ce qu'une nécessité irrésistible me contraigne à abandonner le terrain i. »

Au milieu de septembre, il avouait à Miss Chalmers, dans les mêmes termes :

« Je ne trouve pas que ma ferme soit le marché avantageux qu'on m'avait fait espérer; mais je crois qu'avec le temps elle pourra devenir un marché auquel je ne perdrai pas

Pour me sauver de cette horrible situation d'être entraîné, par une ferme qui vous ruine, jusqu'à la misère, j'ai pris mes instructions dans l'Excise et j'ai ma commission dans ma poche à tout événement ^. »

Enfin, vers les derniers jours du même mois, il écrivait à M. Graham qui, en réponse à sa demande, lui avait promis son patronage et sa protection, avec une effusion de reconnaissance qui donne la mesure de ses craintes :

« Si vous saviez. Monsieur, de quelles craintes et anxiétés l'assurance amicale de votre patronage et de votre protection m'a délivré, cela serait une récompense de votre bonté.

Je suis affligé d'une prescience mélancolique, qui fait de moi un vrai lâche dans la vie. 11 n'y a pas d'effort que je ne tente plutôt que de me trouver dans cette horrible situation, d'être prêt à implorer les montagnes de s'écrouler sur moi , et les collines de me dérober à la présence d'un propriétaire hautain ou de son employé encore plus hautain à qui je devrais ce que je ne pourrais payer

Ma ferme, je crois que j'en puis être certain, sera par la suite quelque chose pour moi, et, comme je la loue, pendant les trois premières années, un peu au-dessous de sa valeur, je pourrai avoir un an et peut-être plus d'avance sur la mauvaise période 3.

1 To Robert Graham of Finir y, lOth Sept. 1788.

2 To Miss Chalmers, Sept. 16tli, 1188.

3 To Robert Graham of Finiry, 23rd Sept. nss.