Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/230

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main robuste et simple , sa manière de bousculer l'idée et de la faire marcher vivement. D'autres éditeurs forcés de reconnaître son authen- ticité ne la donnent pas sans quelques mots de regret ^

Il y a lieu de croire que bon nombre de pièces politiques de Burns ont disparu. De son vivant, un de ses ennemis seul aurait pu les révéler ; ses amis devaient les cacher et peut-être le blâmer de les avoir écrites. Même après sa mort, l'intérêt de ses enfants réclamait qu'on ne froissât aucune jalousie politique 2. Mais on connaît assez de sa vie pour savoir qu'il a toujours, comme les autres poètes, mis ses vœux du côté de la France. Il suffit de rappeler le fait des canons envoyés au gouvernement français. II existe de lui une courte chanson, improvisée à la nouvelle de la défection deDumourier, et qui, sans avoir de valeur littéraire, sert à indiquer oîi étaient ses sympathies.

Vous êtes bienvenu chez les Despotes, Dumourier,

Vous êtes bienvenu chez les Despotes, Dumourier,

Comment va Dompierre ?

Oui, et Burnonville aussi ?

Pourquoi ne sont-ils pas venus avec vous, Dumourier?

Je combattrai la France avec vous, Dumourier,

Je combattrai la France avec vous, Dumourier,

Je combattrai la France avec vous.

Je courrai ma chance avec vous.

Sur mon âme, je danserai une danse avec vous, Dumourier.

Allons donc combattre, Dumourier,

Allons donc combattre, Dumourier,

Allons donc combattre.

Jusqu'à ce que rétincelle de la Liberté soit éteinte,

Alors, nous serons maudits, sans doute, Dumourier ! •'

Il suffit de se rappeler le duel qu'il faillit avoir avec un officier à la suite du toast dont il a été parlé dans la biographie *, pour voir que, lui aussi, il avait préféré la cause de la Révolution française à celle de son pays.

Mais son esprit mêlé à la vie et toujours mené par l'impulsion du moment n'était pas fait pour se retirer dans un principe et laisser tout autour rugir les événements. L'isolement prolongé de Wordsworth ne lui était pas possible. Il ressentit aussi la réaction que nous avons vue dans Wordsworth et Coleridge. Il redevint anglais, plus subitement qu'eux.

1 Scott Douglas ne donne pas cette pièce, sans expliquer ses motifs.

2 Voir à ce sujet les très justes réflexions de R. Chambers. Life of Burns, tom IV, p. 18.

3 Impromptu on General Dumourier's désertion from the French Republican Army.

4 Voir la Biographie, p. 508.