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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/308

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Tu m'as abandonnée, Jamie ,

Tu m'as abandonnée ; Tu m'as abandonnée, Jamie ,

Tu m'as abandonnée.

Tu peux en aimer une autre,

Tandis que mon cœur se brise.

Bientôt je fermerai mes yeux las

Pour ne plus nie réveiller, Jamie ,

Pour ne plus me réveiller ! ^

Cette abondance de pièces , semées dans toutes les directions , suffirait à faire de Burns un des plus variés et des plus copieux poètes de l'amour. Mais il convient de ne pas oublier que la portion la plus élevée, la plus riche de sa poésie amoureuse ne figure pas ici, nous voulons dire ses pièces personnelles qui marquent les crises de sa vie. A celles qui viennent d'être données, il faut en ajouter bien d'autres : ses premières chansons d'amour. Derrière les collines où le Lugar coule 2, ses vers à Anna Park, si brutalement luxurieux ^ ; la série des morceaux à Jane Lorimer, d'un si joli coloris de désir '* ; les strophes à sa petite garde-malade Jessy Lewars ^, sans parler des poèmes inspirés par Clarinda. Il faut se remettre en mémoire les chansons à Jane Arniour : De tous les points d'où souffle le vent, J'ai une femme à moi, Si j'e'tais sur la colline du Parnasse ^, et surtout les pièces écrites au moment de leur séparation et dans lesquelles vit quelque chose du désespoir des Nuits"^. Enfin au-dessus de tout cela, pour la hauteur de l'inspiration, la pureté du sentiment, pour le désintéressement qu'on trouve rarement dans ses vers d'amour, il faut placer les poésies à Mary Campbell. [1 faut mettre, au sommet, ce cri de remords et de douleur par lequel, tandis que l'étoile attardée qui aime à saluer le matin ramenait l'anniversaire des adieux, prosterné à terre, il implorait la chère ombre disparue de baisser les yeux vers lui, de sa place de repos bienheureux, et d'accueillir les gémissements qui déchiraient sa poitrine ^. Et cet autre sanglot, peut-être plus poignant

1 Thou has Left me ever.

2 Voir la Biographie, page 42.

3 Id. page 433.

i Id. page 519-527.

^ Id. page 543-545.

6 Id. page 388, 398.

Id. page 136-138.

8 Id. page 412.

Il est curieux de retrouver dans le noble Pétrarque, une pièce qui rappelle tout à fait celle A Marie dans les deux. L'idée eu est la même, sauf ce qui semble se mêler de remords au chagrin de Burns. C'est le sonnet xxxvu, Après la mort de Madame Laure. Le titre seul suffirait à marquer la similitude des deux morceaux : a II la prie pour que, de là-haut, elle lui jette un regard de pitié ».

« Belle âme, délivrée de ce nœud le plus beau que sut jamais ourdir la nature, tourne du haut du ciel ton esprit sur ma vie obscure, jetée de pensers si joyeux dans les pleurs.

Elle est sortie de ton cœur, la fausse opinion qui pendant un temps te fit paraître