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un intérêt historique. Ce qu'il a connu de plus élevé est la ligne des hauteurs moyennes qui relient les Cheviot aux Grampians, séparent les sources de la Clyde de celles de la Tweed, et, de chaque côté, viennent mourir en ondulations à une faible distance de la mer. Elles n'ont pas le caractère imissaut des montagnes des Hautes-Terres, ni le rude aspect de celles des Borders. C'est une suite de hautes collines pastorales, avec leurs ruisseaux, leurs plaques de bruyère, leurs creux tout tremblants de fougères ; sur leurs lianes semés d'innombrables chardons se répandent des troupeaux, et parfois un berger se détache sur leur ciel. Elles ont à leurs pieds les landes réjouies par la chanson incessante de l'alouette. Elles sont sauvages encore, mais sans terreur et sans sublimité ; elles ont une tristesse et un abandon plus humains ; elles semblent regretter que l'homme leur manque, tandis que les autres solitudes semblent s'irriter qu'il les trouble. Elles sont plus accessibles; elles ont des traits moins puissants et que l'esprit peut saisir sans s'oublier. C'est en même temps un paysage où le détail reparaît, reprend sa place, et non plus un spectacle fait d'une seule sensation gigantesque qui l'écrase.

Ce point est important, car c'est par le détail que les lieux saisissent les esprits nets, peu ouverts aux vagues impressions panthéistes. Burns a mieux compris ces collines moyennes ; elles reparaissent volontiers dans sa poésie. Le plus souvent, comme dans sa vie, elles sont aperçues de loin :

Gaiement l'œil d'or du soleil Regardait par dessus les iiautes montagnes *.

Parfois ce sont quelques-uns des aspects sombres dont elles sont souvent revêtues. C'est l'hiver qui vient :

Le brouillard paresseux pend au front de la colline,

11 cache le cours assombri du ruisseau tortueux.

Combien semblent languissantes les scènes naguère si vives,

Quand l'automne passe à l'hiver l'année pâlie,

Les foréls sont dépouillées, les prairies sont brunes,

Et toute la brillante afféterie de l'été est envolée 2.

Ou quelque orage qui éclate :

Abandonnés sur les collines sombres, les troupeaux errants

Fuient le farouche ouragan et s'abritent parmi les rochers.

Les ruisseaux écumanls se précipitent, rougeâtres, cinglés par la pluie,

Les pluies amassées crèvent au-dessus de la plaine lointaine ;

Sous la rafale, les forêts dépouillées gémissent.

1 Pkilis Ihe Pair.

2 The Lasy Mist.