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vous tous, bardes du joli Doon,

Vous qui sur les flots de l'Ayr «iccordez vos chansons,

Venez, joignez-vous à la triste lamentation,

Du roseau de Robin !

Son cœur n'en prendra jamais le dessus,

Sa Mailie est morte i.

Il y a la même connaissance des bêtes et la même bienveillance dans son poème des Deux Chiens. Le début est un modèle d'observation. Il y a là deux portraits de chiens qui sont parfaits. Même John Brown, l'ami des chiens, le fin connaisseur en physionomies canines, le peintre du brave petit Rab, bull-terrier blanc qui vainquit le grand chien de berger ; de Toby, un matin vulgaire noir et blanc, tout en jambes et gauche, mais qui avait de beaux yeux, de belles dents et un aboiement très riche ; de Wylie, « une exquise chienne de berger, rapide, svelte, délicate, belle comme un petit lévrier, gracieuse avec son poil ondulé et soyeux noir et feu, douce, bonne et pensive» ; même John Brown qui a dépeint Wasp « une chienne bull-terrier, noire tachetée, d'un sang pur, belle, colère, douce, avec une petite tête compacte, très bien formée, et une paire d'yeux merveilleux, aussi pleins de flamme et de douceur que ceux de la Grisi ; en vérité, elle avait un air de cette admirable femme, à la fois farouche et caressant », même John Brown l'inimitable peintre de Jock, de Toby, de Crab, de Rack, de Dick et de tant d'autres chiens de second plan n'a rien fait de plus amical ^. La scène est jolie. Par un jour de juin, vers la fin de l'après-midi, les deux chiens, « qui n'ont pas grand'chose à faire à la maison », se retrouvent. L'un est un chien de condition ; il appartient à un lord, il s'appelle César et c'est un étranger, il vient de Terre-Neuve. Mais il connaît la condescendance.

Son brillant collier de cuivre, avec cadenas et lettres,

Le désignait comme un gentleman et un lettré ;

Mais, bien qu'il fût de haut degré,

H n'avait pas d'orgueil, il n'était pas fier,

Il passait volontiers une heure à échanger caresses,

Même avec un mâtin de rétameur bohémien.

A l'église, au marché, au moulin ou à la forge.

Il ne rencontrait pas un barbet, aussi crotté fùt-il,

Avec qui il ne s'arrélât, comme tout heureux de le voir :

Et il levait la patte, sur les pierres et les monts, avec lui 3.

L'autre est un chien commun, un chien de berger ; il a un nom du pays, il s'appelle Luath ; il appartient à un pauvre laboureur ; il est humble, il n'a pas de collier de cuivre, mais c'est une bonne et brave

1 Poor Mailie's Elegy.

2 John Brown. Rab and his Friends. — Voir aussi, dans ce genre, le livre de Léon Cladel, Ma Kyrielle de Chiens.

3 The Twa Dogs.