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Page:Angellier - Robert Burns, II, 1893.djvu/49

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martial. Le petit garçon boiteux que Biirns avait vu à Edimbourg devenait un jeune homme. II allait entreprendre ses^ courses à cheval, le long des borders, recueillant dans les fermes, dans les huttes de bergers, sous les bois, au coin des feux de tourbe, des fragments de ballades et de légendes. La Minstrelsy des Boi'ders allait être publiée en 1802, huit ans après la mort de Burns. Et la poésie tout entière de Walter Scott , avec son pittoresque brillant, son accent guerrier, son bruit d'armes, son allure martiale, quelque chose qui sent l'action et l'ardent, est sortie de la Minstrelsy. Les ballades ont trouvé , dans Le chnnt du Dernier Ménestrel et dans Rokeby, leur point culminant, et aussi leur point d'arrêt. Burns a donc vécu au milieu d'elles, au milieu des imitations qu'elles inspiraient. S'il ne s'est pas prévalu d'elles pour y trouver un motif sur lequel exercer son génie, c'est que son goût ne l'y portait pas. Nous en avons vu les raisons.

IL

LES VIEILLES CHANSONS. (1)

Si on a dit justement que l'Ecosse avait autant de ballades que l'Espagne 2, on pourrait dire, avec autant de vérité, qu'on y chante autant dechansons qu'en Italie.L'Écosse semble avoir été,detout temps, une nation musicale. Le soutien des chansons, la musique, y tient partout sa place dans la vie populaire. Elle en accompagne tous les actes. Aux baptêmes, aux mariages, à toutes les réunions joyeuses, éclatent, avec les cornemuses, le faille, c'est-à-dire, le salut de bienvenue ^ ; ou lepiôrock , l'air martial qui rassemble le clan. Aux funérailles , le coronack gémit l'air des lamentations , si triste et si désespéré que Tennyson n'a pas trouvé d'autre mot pour rendre les sanglots suprêmes du cygne expirant*. Jadis la musique s'intercalait encore dans les intervalles de ces faits mar- quants, où elle intervient chez tous les peuples. Les villes avaient des joueurs de cornemuses, qui parcouraient les rues le matin et le soir ^. Ce n'était pas une chose rare que les fermiers, pour exciter l'ardeur de leurs

1 Les recueils de chansons écossaises sont très nombreux ; nous avons fait, au point de vue littéraire, usage du Book of Scottish Song, bj Alexander Whitelaw ; et du recueil intitulé : The Songs of Scotland, chronologically arrangea, publié par Gassell, Petter and Galpin. — Voir aussi le volume de R. Chambers, The Songs of Scotland Prior ta Burns, et, si l'on veut descendre aux éléments les plus simples : Tke Popular Rhymes of Scotland. — Pour l'étude des chansons et de leur importance sociale, lire The Ballads and Songs of Scotland, by J. Clark Murray — et Scottish Life and History in Song and Ballad, by W. Gunnuyon.

2 Prescott. Essais de Biographie et de Critique; l'essai sur Les Chants de l'Ecosse. ^ Voir sur le sens de ces mots, le livre de Logan, The Scottish Gaels, t. II. p. 2i*5.

4 Tennyson. The Dying Sivan.

5 Walter Scott. Minstrelsy of the Scottish Borders, p. 61.