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C'est que, pour l'amour de la pauvre vieille Ecosse Je puisse faire un plan ou un livre utile, Ou tout au moins, clianter une chanson «i.

Ses premières amours s'exhalèrent naturellement en chansons ; elles furent, pour lui aussi, une façon toute prête de rendre ce qu'il éprouvait. « Il faut que vous sachiez que toutes mes premières chansons d'amour furent l'expression d'une passion ardente » 2. Bien qu'il n'ait écrit que relativement peu de chansons pendant la première partie de sa vie, tous les événements importants qui la traversèrent y sont représentés, tant elles étaient chez lui l'expression inévitable des émotions.

Il ne cessa jamais de s'occuper de cette forme de la littérature populaire. Lorsqu'il parcourut l'Ecosse, il se fit un devoir d'aller visiter chacun des endroits rendus célèbres par les vieilles poésies. Celles-ci, étant l'œuvre du peuple et par conséquent d'une inspiration très particulière et souvent toute locale, contiennent un grand nombre de noms de localités. Elles répandent sur tout le pays le charme que les passions humaines donnent, aux yeux des hommes, aux pierres oublieuses et à l'insensible nature où elles ont frémi. Dans le recueil de Whitelaw, qui contient douze cents chansons environ, on n'en relève pas moins d'un dixième dont les titres sont des noms d'endroits : Sur les bords sinueux de la Nith , les Bouleaux d'Invernay, le Moor de CuUoden, Hélène de Kirkonnel, le Château de Roslin, la Rose d'Antiandale, le Buisson au-dessus de Traquair, les Gorges tristes de Yarrow, le Vallon de Glendochart, La oit le Quair coule doucement, sur les Talus sauvages du Calder, etc. Sans compter les chansons où les localités, sans former le titre, sont contenues dans le texte. Toutes les rivières et tous les ruisseaux d'Ecosse s'y trouvent, et aussi des montagnes, des collines, des lochs, des gorges. On tirerait de cette anthologie une géographie complète de l'Ecosse, tant elle est drument semée d'endroits célèbres. Ce sont eux que Burns alla visiter.

(( Je suis un tel entousiasle des vieilles chansons que, au cours de mes différentes pérégrinations à travers l'Ecosse, j'ai fait un pèlerinage à chaque endroit particulier où une chanson populaire a pris naissance, Lochabcr et les Coteaux de Ballendaen exceptés. En Uint qu'il m'a été possihle d'identifier la localité, soit d'après le titre de l'air, soit d'après le contenu de la chanson, j'ai été faire mes dévotions au sanctuaire particulier de toutes les muses écossaises 3 ».

Il devait augmenter lui-même la liste de ces pèlerinages. Il est impossible maintenant de passer près des pentes de Ballochmyle, près de l'endroit où l'Alton coule encore doucement, comme s'il se souvenait de

1 Epistle to the Guidwife of Wauchope House. ' 2 Ta G. Thomson ,1Gi^ Ocl. noz. 3 To G. Thomson, Jaii. , 26tii 1793.