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Là-dessus, il reçut un autre coup Plus lourd que le premier, Qui secoua son maigre corps, Et lui fit cracher le sang, Tout rouge, ce jour-là.

Il gisait sur la chaussée, reprenant son souffle, Tout meurtri de coups de pied et de poing ; Le sergent lâcha un juron des Hautes-Terres : « Mettez r main sur chef home »

Et le brave caporal s'écria :

" Abortez c't imb'cile d'ifrogne ».

Ils le traînèrent au poste, et, sur mon âme.

Il eut à payer l'amende d'ivresse.

Pour ça le jour suivant.

Braves gens ! en revenant de la foire. Ecartez-vous de cette bande noire ; Il n'y a pas ailleurs de pareils sauvages Qui aient le droit de porter une cocarde. Plus que de la mâchoire puissante du lion affamé. Ou de la défense de l'ours Russe, De leur patte cruelle et brutale, Vous avez raison de redouter Votre mort ce jour-là i.

Fergusson n'aimait pas le bataillon des vieux gaëls. Il avait sans doute eu maille à partir avec eux.

Les Courses de Leith sont un poème du même genre, avec cette diffé- rence que, au début, Fergusson introduit une figure imaginaire et abstraite, la Gaîté, qu'il rencontre et avec laquelle il fait route. C'est une idée assez malheureusement ingénieuse, qui n'ajoute rien à la pièce et a le défaut d'introduire dans un tableau réaliste une allégorie fade dans le goût du xviii^ siècle 2. Burns a repris cet artifice au commencement de sa Sainte-Foire, en y mettant plus de vie et en l'adaptant mieux à l'ensemble du morceau.

Toutes ces pièces sont dans la veine ancienne. La Sainte-Poire et Les Courses Je Leith sont écrites dans la vieille strophe de neuf vers. Les Jours fous, Le Jour de naissance du Roi sont écrits dans la strophe plus courte de cinq vers. Fergusson, on l'a vu plus haut, g'est rattaché au filon des élégies comiques par son Elégie sur la mort de M. David Gregory, 'professeur de mathématiques, et par celle Sur John Hogg, ex-portier de l' Université de Saint- Anérews.

Un dernier poème de Fergusson, Le Foyer du Fermier, tient, pour la forme et le ton, une place à part dans son œuvre. Au lieu d'être écrit en vers courts et en strophes légères , il est écrit en vers héroïques de cinq pieds, le vers de Spenser et de Milton, et en strophes de neuf

^ HaUowfair.

2 Voir les cinq premières strophes des Leith Races.