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veis, qui se rapprochent de la strophe spenserienne. Celle de Fergusson est seulement moins savante et moins solide. La strophe de Spenser forme réellement un tout, grâce aux rimes du milieu qui entrent dans le premier et le troisième tercets et les accrochent ensemble ; on a en effet des rimes disposées ainsi : a b ab b cb c c. Dans la strophe de Fergusson, au lieu de trois rimes, on en a quatre, qui se suivent de la sorte : a b ab c d c d d; Q\i sorte que la strophe se casse, en réalité, après le second b, et que les deux parties ne tiennent ensemble que par juxta- position typographique et non par interpénétration de sonorités. Voici du reste, un exemple de chacune des deux. Le premier est tiré de l'ouver- ture du chant xii du livre vi de La Reine des Fées.

Comme un vaisseau qui va sur les flots incertains,

Se dirigeant devers une certaine côte, S'il rencontre des vents et des courants soudains, Sa marche est traversée, et lui-même tressaute

Surpris et ballotté sur mainte houle haute ;

Mais s'arrélant souvent, virant souvent de bord,

Il poursuit son chemin, il arrive sans faute :

Ainsi va-t-il de moi dans ce si long efïorl,

Je m'arrête souvent, mais je gagne le port i.

Voici, en regard de celle-là, la strophe du Foijer du Fermier :

Quand le gris crépuscule avance dans les cieux, Quand Bâtie reconduit ses bœufs à leur étable, Que John ferme la grange, après un jour peineux, Que les tilles nettoient le blé près de la table. Ce qui tient au dehors les froids soirs engourdis. Ce qui rend vain l'Biver sous sa blanche poussière. Ce qui rend les mortels confiants et hardis. Oublieux de la plaine où s'étend la misère, Célèbre-le, ma Muse, en langue familière 2.

1 Like as a ship, that through the Océan wyde

Directs her course unto one certaine cost, Is met of many a counter winde and tyde, "With which her winged speed is let and crost,

And she her selfe in stormie surges tost ;

Yet, making many a borde and many a bay,

Still winneth way, ne hath her compassé lost :

Right so it fares with me in this long way,

Whose course is often stayed, yet never is astray.

The Faerie Queene, Book vi, Canto xxi, Slanza i.

Wben gloamin' grey out-owre the welkin keeks ;

When Bâtie ca's his owsen to the byre ;

When Thrasher John, sair dung, his barn-door steaks,

An' lusty lasses at the dightin tire :

What bangs fu' leal the e'enin's coming cauld,

An' gars snaw-tappit Winter freeze in vain. Gars dowie mortals look baith bhthe an' bauld,

Nor fley'd wi' a' the poortith 0' the plain ; Begin, my Muse ! and chaunt in hamely stram.

The Far mer' s Ingle, Stanza \.