Page:Angers - Les révélations du crime ou Cambray et ses complices, 1837.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64

quence naturelle de sa conduite. Mais bientôt cette élasticité de l’esprit humain, dont nous avons parlé plus haut, qui double la force et l’énergie du caractère, qui familiarise avec toutes les situations, et qui finit par nous soustraire à l’ivresse du plaisir comme à l’agonie de la souffrance, vint rétablir le calme dans l’esprit de nos héros et leur permettre de passer le jour avec assez d’indifférence et de dormir la nuit profondément. Après quarante-huit heures leur grande douleur était passée… Cependant, Cambray et Mathieu demandèrent des Ministres de la religion : Mathieu eût un prêtre Catholique, Cambray eût des prêtres de toutes les dénominations, et feignit d’adopter l’opinion de chacun d’eux. Bientôt le vulgaire répondit qu’il était repentant et contrit, et le proclama comme une ouaille ramenée au bercail, dont le martyre allait couronner l’édifiante conversion.



CHAPITRE XVII.


La Religion au cachot. — Le caractère de Cambray se montre sous un nouveau point de vue.


Comme nous l’avons dit dans le chapitre précédent, Cambray demanda et reçut des ministres de toutes les croyances religieuses, et parut flotter incertain entre toutes les doctrines pendant près de deux jours. Enfin il se détermina en apparence pour le Catholicisme, et feignit d’en adopter tous les rites : il ne cessa pourtant point de voir les ministres des autres églises ; car son objet, ainsi que nous le verrons ci-après, était de les intéresser tous en sa faveur. Le prêtre catholique qui le visita dans son cachot était le même qui, trompé par sa fausse apparence d’honnêteté, le fréquentait en qualité d’ami avant son arrestation. Il ne l’avait point vu depuis cette époque, et en entrant dans sa cellule, il eut de la peine à le reconnaître.

— « Eh ! bien, Cambray, » lui dit le jeune prêtre avec douceur, « comment êtes-vous ? vous éprouvez sans doute du mal-aise, quelques peines d’esprit ? Je viens, en autant qu’il est en mon pouvoir, vous offrir quelques consolations. Je vous ai bien connu une fois, et je ne pensais pas cela de vous… Vous m’avez bien trompé… Mais il serait cruel de vous en faire reproche en ce moment… Il vaut mieux vous faciliter le chemin du repentir, vous ouvrir la voie de la réconciliation avec Dieu, si toutefois vous voulez vous prêter à l’œuvre de la grâce sur vous. »

— « Ah ! ciel, » répondit Cambray, « de tout mon cœur ! Je suis malade, je souffre beaucoup, mais ce n’est rien en comparaison de mes peines d’esprit. Je le sens, il n’y a plus pour moi de remède, de conso-