Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/162

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Mais je veux que vous sachiez par mon message que trop d’orgueil fait mal à beaucoup de gens[1].

Il semble que sous cette traduction imparfaite on sente encore la douce plainte d’un cœur blessé, et d’un cœur délicat. « Quand je veux chanter, dira une autre poétesse, Clara d’Anduze, je pleure et je soupire… et mes vers ne disent pas ce qu’il y a dans mon cœur. » C’est l’écho de ces plaintes et de ces soupirs qui survit dans les chansons de la comtesse de Die. Et peut-être, encore, comme chez Clara d’Anduze, le « meilleur de ses vers » ne fut-il jamais lu.

On pourrait continuer l’histoire de la poésie dans ce petit coin privilégié de la Provence qu’était le comté d’Orange en étudiant un autre troubadour, Raimbaut de Vaquières, dont la vie se passa en Italie et en Terre Sainte, à la suite du marquis de Montferrat. Mais il en sera question ailleurs. Quittons un moment la Provence pour une autre région, Raimbaut d’Orange et la comtesse de Die pour Pierre d’Auvergne[2].

Pierre d’Auvergne est à peu près contemporain de Bernard de Ventadour et aussi de Giraut de Bornelh et d’Arnaut de Mareuil ; car son activité poétique s’étend de 1158 à 1180 environ. L’auteur anonyme de sa biographie nous a donné sur sa vie quelques renseignements qu’il tenait du Dauphin d’Auvergne, troubadour qui fut en relations avec Pierre ; mais ces renseignements sont peu nombreux. Ils nous apprennent que Pierre d’Auvergne était le fils d’un bourgeois de Clermont-Ferrand.

  1. M. W. I, 86. A chantar m’er de so qu’ieu no volria.
  2. Sur Pierre d’Auvergne, cf. Zenker, Die Lieder Peires von Auvergne, Erlangen, 1900.