Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/168

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vergne. Restons-en, à son sujet, sur cette impression. Et quittant l’Auvergne pour le Languedoc, passons à un troubadour un peu postérieur, mais dont la vie et l’œuvre sont empreintes d’une vivante originalité

Peire Vidal était le fils d’un marchand de Toulouse. La biographie provençale nous dit qu’il fut bon troubadour, qu’il chantait à merveille, et qu’il avait une facilité étonnante à inventer et à composer ; mais il ajoute qu’il fut l’homme le plus fou du monde. L’histoire de sa vie et la lecture de ses poésies justifie bien ces deux observations du biographe.

L’œuvre de Peire Vidal — qui comprend une cinquantaine de pièces — témoigne d’une remarquable facilité ; l’inspiration n’en est pas profonde, mais le développement est clair et abondant, rien n’y trahit l’embarras ni l’effort. Il aurait réussi sans peine dans le genre du style obscur ; mais il parait avoir eu plus de goût pour la clarté ; aussi est-il encore aujourd’hui d’une lecture facile et le lecteur connaît rarement avec lui l’amer plaisir de trouver sous une forme recherchée et obscure une pensée banale. La seconde observation que fait le biographe, « il fut l’homme le plus fou du monde » est justifiée par l’histoire de sa vie. On ne prête qu’aux riches, sans doute, et la plupart des anecdotes qui ont trait à sa vie ne sont que des légendes ; mais Peire Vidal fut, à ce point de vue, prodigieusement riche.

Et d’abord il semble que, par une première folie, il