Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Marseille était le siège de la seigneurie de Barral de Baux, un des grands seigneurs qui protégèrent avec le plus de sympathie la poésie provençale. C’est à la femme du vicomte de Marseille, Azalaïs, que ce fou de Peire Vidal dédiait ses chansons ; c’est elle aussi que chanta Folquet.

Il la désignait sous le nom d’Aimant, pseudonyme dont se servirent aussi quelques autres troubadours. Mais il ne semble pas que la force d’attraction de cet aimant fût très forte ; bien plus, Folquet de Marseille semble avoir été plus souvent repoussé qu’attiré. Ses chansons sont pleines de plaintes sur son amour malheureux. Il accuse amour d’inconséquence : « Il lui plut, dit-il, de descendre en moi sans amener comme compagne la pitié qui pourrait adoucir ma douleur. » L’amour qui n’est pas accompagné de la pitié, continue Folquet, est un « désamour ». Folquet développe ce thème avec subtilité, mais aussi avec préciosité. « Cela ne peut durer ainsi, dit-il, dans une apostrophe à l’amour, il faut qu’amour et pitié aillent ensemble. » Mais sa dame est moins cruelle qu’Amour ; son visage est blanc et coloré, comme la neige et le feu ; le mélange des couleurs est pour notre troubadour l’indice des sentiments du cœur : pitié et amour s’unissent en elle.

Ailleurs il s’en prend à ses yeux : « Ils ont bien mérité de pleurer, dit-il ; ils ont causé leur mort et la mienne ; pourquoi se sont-ils trompés dans leur choix ? »

Ce n’est pas par cette préciosité un peu puérile