Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/179

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(La note 22, présente en fin de volume, ne dispose pas de son appel de note. Je le rétablis ici.)

défend devant le pape des accusations portées contre lui. Voici ce qu’il dit de l’évêque Folquet auquel il répondait.

Quand il fut nommé moine et abbé, le feu s’éteignit dans l’abbaye et ne se ralluma pas avant son départ ; quand il fut élu évêque de Toulouse, il se répandit sur notre terre un tel feu qu’aucune eau ne pourra jamais l’éteindre ; car il fit perdre la vie à plus de cinq cent mille personnes, grands et petits ; par la foi que je vous dois, en faits et en paroles, il ressemble plutôt à l’antéchrist qu’à un messager de Rome.[1]

Nous n’avons pas à rechercher ici quelle est la qualification qui lui convient le mieux. Mais la scène qui vient d’être citée nous rappelle qu’il y a quelque chose de changé dans le Midi de la France. Des événements importants s’y sont produits au début du xiiie siècle. La croisade contre les Albigeois, avec ses conséquences politiques et religieuses, y a transformé bien des choses. Pour la poésie, c’est la décadence qui commence et qui arrive à grands pas.


  1. La Chanson de la Croisade contre les Albigeois a été éditée deux fois, d’abord par Fauriel, puis par M. Paul Meyer, 2 vol., Paris, 1875. Le passage cité commence au vers 3320. Ajoutons que l’identification de Folquet de Marseille avec Folquet, évêque de Toulouse, a été contestée ; mais il semble que ce soit à tort.