Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/182

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temps, les uns et les autres rendent possibles des folies de ce genre.

Une autre cause contribua à l’appauvrissement de la noblesse : ce fut l’érection des consulats dans les grandes communes du Midi. Les premiers — importés sans doute d’Italie — datent de la fin du xiie siècle. Leur institution marque l’avènement de la bourgeoisie à la vie politique ; les bourgeois et les marchands, gens actifs et hardis au travail, s’enrichissent et se taillent une assez belle part d’influence dans la société. La situation sociale de la noblesse en est diminuée d’autant ; sa puissance et son influence baissent rapidement dans les villes, surtout dans les villes marchandes comme Marseille, Arles, Avignon, Montpellier, Narbonne, Toulouse, où le xiiie siècle voit le triomphe de la bourgeoisie.

Mais à ces causes d’appauvrissement de la noblesse vint s’en joindre, dès les premières années du xiiie siècle, une autre bien plus grave. Au mois de juin 1209 une armée de croisés était concentrée à Lyon, non pas pour partir en Terre Sainte, mais pour marcher contre le Midi de la France. Il est à peine besoin de rappeler les faits qui avaient précédé ces événements. Le Midi avait vu naître depuis la fin du xiie siècle des sectes hérétiques. Le berceau de l’hérésie était dans le pays Albigeois, mais elle s’était répandue dans tout le Languedoc, de Toulouse à Beaucaire. L’hérésie nouvelle n’était qu’une transformation de la grande hérésie manichéenne qui professait que le monde est livré à deux puissances,