Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/203

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vœux pour Frédéric II, ennemi de la papauté et protecteur du troubadour ; elle termine par la charitable prière suivante. « Rome, que le Roi glorieux qui pardonna à Madeleine fasse périr le fou enragé qui répand de telles calomnies et qu’il le fasse mourir de la mort des hérétiques. » Le souvenir du pardon accordé à Marie-Madeleine n’a pas adouci le cœur de la dévote poétesse[1].

La riposte est d’ailleurs loin d’avoir l’allure violente et par moments si éloquente de l’attaque. Le fait qu’une femme écrit une poésie religieuse pour défendre la papauté est un nouveau signe des temps. Nous voilà loin, bien loin de la comtesse de Die. Il s’est produit dans les mœurs une transformation profonde. La ruine de la noblesse méridionale, la destruction de ces foyers intellectuels et surtout poétiques que furent la plupart des petites cours du Midi a porté à la poésie des troubadours une atteinte dont elle ne se relèvera pas ; l’établissement de l’Inquisition, la création des ordres religieux, la transformation qui s’opère dans les mœurs amènent le développement d’une poésie nouvelle : c’est la poésie religieuse.


  1. Raynouard, Choix, IV, 319.