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CHAPITRE IX

LA POÉSIE RELIGIEUSE

Le paganisme de la poésie des troubadours. — La morale. — La conception de la Divinité. — Chants de repentir : Guillaume de Poitiers. — Pierre d’Auvergne. — Les chansons de croisade. — Les plaintes funèbres. — Folquet de Marseille. — Les poésies religieuses de Peire Cardenal. — Ses poésies à la Vierge. — Saint Dominique et les Frères Prêcheurs. — Développement des poésies à la Vierge. — Transformation de la lyrique courtoise en lyrique religieuse : Lanfranc Cigala, Guiraut Riquier, Folquet de Lunel.


Un fonds ineffable de paganisme caractérise les origines de la poésie des troubadours et la première période de la littérature provençale. Le premier troubadour, Guillaume de Poitiers, part pour la Terre Sainte et y fait vaillamment son devoir, mais il s’y amuse encore davantage et surtout amuse ses compagnons de route et de bataille par des facéties de tout genre, par des paris ou des propositions fantastiques, où l’esprit religieux n’a aucune part : ce croisé de marque a par plus d’un côté l’âme d’un païen. Sa muse est aussi païenne que celle d’un Grec ou d’un Latin ; s’il invoque Dieu ou quelque saint,