Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

louanges de Dieu et le mépris des biens terrestres. Voici le début d’une véritable « hymne pour le Seigneur », en l’honneur de la Trinité.

Loué soit Emmanuel, le Dieu du Ciel et de la Terre, qui est un en trois personnes, saint-esprit, fils, et père accompli… C’est celui qui voulut venir au monde pour effacer nos péchés et par qui les quatre éléments furent séparés… C’est Dieu, qui était hier et qui sera demain, car il n’eut jamais de commencement… Il se sacrifia lui-même pour que le premier péché fût effacé ; et ce fut une grande peine de voir que celui qui n’avait jamais péché a souffert les maux des hommes, a subi la mort sous Ponce Pilate et est ressuscité de son linceul… C’est en ce Dieu que je crois, c’est par lui que j’existe… je lui donne mon âme et mon cœur[1].

Cette poésie ressemble fort à une hymne de l’Église en l’honneur de la Trinité ; ce sont les mêmes thèmes, le même développement. Mais les souvenirs de la vie miraculeuse du Christ y sont trop nombreux ; ceci aussi appartient au cercle d’idées dans lequel se meuvent les hymnes et les poésies religieuses de toute sorte écrites en latin. En somme les poésies de ce genre ont peu d’originalité ; les épopées françaises sont remplies de tirades où, sous prétexte d’invocation à Dieu, le poète rappelle les principaux événements de l’ancien et du nouveau Testament. C’est aussi un abus d’énumérations de ce genre qui gâte une autre poésie religieuse du même Pierre d’Auvergne.

C’est vous, dit-il à Dieu, qui avez sauvé Sidrac de la flamme ardente, qui avez tiré Daniel de la fosse, Jonas de

  1. Éd. Zenker, XIX.