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Ces arguments ressemblent fort à ceux que les prédicateurs du temps devaient développer ; comme eux les troubadours rappellent le lieu où le Christ fut mis en croix ; ils font miroiter l’espoir des récompenses futures et aussi celui de récompenses plus immédiates. Ces chants ne sont pas à proprement parler des poésies religieuses ; l’amour de la religion, sincère ou fictif, les inspire ; mais ce n’est pas la seule source d’inspiration ; dans leur ensemble ils appartiennent plutôt à la catégorie des sirventés politiques qu’à celle des poésies religieuses.

On peut en dire autant des « planhs » ou plaintes funèbres. C’est là un genre où l’absence de sentiments religieux ne se comprendrait guère, surtout au moyen âge. En effet la plupart se terminent par une prière. Quelques-unes de ces pièces sont touchantes de naïveté ou de sincérité, mais beaucoup d’entre elles prennent de bonne heure l’apparence de formules toutes faites. Dans la plupart des cas la partie laudative occupe la première place ; l’élément religieux y est accessoire. Laissons donc de côté « chants de croisade » et « plaintes funèbres » en abordant la période de floraison de la poésie religieuse.

Mais auparavant nous citerons encore une poésie religieuse de cette première période ; c’est une aube de Folquet de Marseille, le futur évêque de Toulouse et persécuteur des Albigeois. On remarquera la gravité et l’élévation de cette sorte de prière du matin.

Vrai Dieu, je m’éveillerai aujourd’hui en vous invoquant vous et Sainte Marie ; car l’étoile du ciel vient de