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vers Jérusalem et me fait dire : Debout, hommes qui aimez Dieu ; le jour est proche et la nuit tient sa route ; Dieu soit loué et adoré par nous ; prions-le de nous donner la paix pendant toute notre vie. La nuit va et le jour vient dans le ciel clair et serein ; l’aube paraît, belle et parfaite.

Seigneur Dieu qui naquis de la Vierge Marie pour nous sauver de la mort et restaurer la vie et pour détruire l’enfer que le Diable tenait, toi qui fus levé en croix, couronné d’épines, abreuvé de fiel, Seigneur, ce bon peuple vous demande grâce pour que votre pitié lui pardonne ses péchés. La nuit va et le jour vient, etc.

Dieu, donnez-moi le savoir et l’intelligence, pour que j’apprenne vos saints commandements, que je les entende et les comprenne ; que votre piété me protège et me défende pour que ce monde terrestre ne m’emporte pas avec lui ; car je vous adore, Seigneur, et je crois en vous, je m’offre à vous, moi et ma foi ; je vous demande grâce et pardon de mes péchés.

Je prie ce Dieu glorieux, qui se sacrifia pour nous sauver tous, de répandre sur nous le Saint Esprit ; qu’il nous garde du mal, nous donne la joie et nous conduise parmi les siens, là-haut, dans son royaume… La nuit s’en va et le jour vient, dans le ciel clair et serein ; l’aube paraît, belle et parfaite[1].

Les troubadours que nous avons précédemment cités, Pierre d’Auvergne et Giraut de Bornelh, appartiennent à la première période de la poésie provençale : Pierre d’Auvergne est un des plus anciens troubadours ; Giraut de Bornelh est de la fin du xiie et du début du xiiie siècle. Les poésies religieuses forment une exception dans leur œuvre, et même dans la littérature du temps. C’est surtout au xiiie siècle que ces poésies se développent de plus en plus.

Le poète qui a le plus contribué à ce développe-

  1. Crescini, Manualetto, p. 225.