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et qu’il la prie de l’accepter pour serviteur et pour ami. Et je vous assure bien que, si elle est sage et courtoise elle ne prendra pas mal cette déclaration ; au contraire elle l’estimera davantage et le tiendra pour un homme meilleur. »

La conception de l’amour courtois est la même, comme on le voit, dans cette société que dans la société méridionale. L’amant est un être craintif qui sait que la discrétion et la retenue sont des règles essentielles du code d’amour. La dame que le poète prend pour confidente reconnaît les préceptes du même code ; mais elle encourage et réconforte l’amant timide en lui rappelant que l’amour parfait est un honneur, qu’il n’y a pas là de faiblesse, et que la personne aimée, au lieu de se plaindre de cette déclaration, en tiendra l’auteur pour un parfait galant homme. C’est bien ainsi que les choses ont dû ou pu se passer.

Nous avons affaire ici à une légende, mais il en est peu, parmi celles que racontent les biographies des troubadours, qui soient plus près de la réalité.

On devine la fin de l’aventure : encouragé par ces conseils et par un petit discours bien senti qui les accompagne et les commente, Raimbaut avoua à Béatrice qu’elle était l’objet de son amour. Elle s’en doutait bien un peu, car elle lui répondit : « Que votre amour soit le bienvenu ; efforcez-vous de bien faire et de bien dire, grandissez en honneur ; je vous accepte pour chevalier servant. »

Raimbaut de Vaquières chercha une manière origi-