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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/268

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la deuxième partie du xiiie siècle, que les Castillans qui s’adonnèrent à la poésie lyrique profane lui empruntèrent sa langue. C’est ainsi, on s’en souvient (et pour les mêmes raisons), que le provençal fut adopté comme langue poétique par de nombreux poètes italiens et catalans. En ce qui concerne le galicien, une des preuves les plus remarquables de la prépondérance qu’avait prise ce dialecte dans la langue de la poésie nous est fournie par les œuvres du roi Alphonse X de Castille, le roi savant. C’est en effet le galicien qu’il emploie dans ses poésies profanes ; mais le même a écrit en castillan ses poésies à la Vierge et il a contribué plus que tout autre, par de nombreux écrits scientifiques ou historiques, au développement de la prose castillane.

Les poésies profanes du roi Alphonse X de Castille qui nous sont parvenues sont en général d’un caractère satirique, avec de nombreux traits de réalisme ; elles nous donnent souvent une idée assez exacte — et fort piquante — de ce qu’était la vie de cour auprès du roi savant. Les chansons du roi Denis de Portugal sont plus intéressantes pour le sujet qui nous occupe ici. Elles appartiennent en effet pour une grande partie à la lyrique courtoise. C’est à son œuvre que seront empruntées la plupart de nos citations.

La poésie galicienne du xiiie et du xive siècle est représentée par environ deux mille pièces lyriques. Elles sont l’œuvre de plus de cent cinquante poètes appartenant pour la plupart aux classes élevées de