Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la société. Parmi eux on compte quatre rois, nombre de grands seigneurs et de grands dignitaires[1].

Cette poésie, comme la poésie provençale, est essentiellement une poésie de cour. Deux des genres les plus cultivés sont les mêmes que les deux genres principaux des troubadours de la Provence : la chanson d’amour (six cents environ, un tiers de l’œuvre totale) et les chants de médisance, correspondant aux sirventés (quelques centaines). Les autres genres cultivés par les troubadours provençaux : descorts, aubes, pastourelles, etc., sont également représentés dans la poésie galicienne. Un genre qui est connu aussi dans la poésie provençale a pris en Portugal un développement particulier ; c’est celui des « chansons d’ami » ; une jeune fille — et non une jeune femme — y exprime ses plaintes sur l’absence du bien-aimé ou sur sa froideur ; mais ce genre est connu des plus anciens troubadours provençaux et une belle romance de Marcabrun que nous avons déjà citée en est un exemple remarquable.

Tout, dans la forme, dénonce donc une imitation provençale ; la métrique est empruntée au même modèle. Les troubadours galiciens n’ont pas d’ailleurs caché leur admiration pour la lyrique provençale : « les Provençaux sont de bons poètes », dit l’un d’eux ; « je désire à la manière provençale faire maintenant un chant d’amour », dit le même poète, et c’est le roi Denis qui fait ces deux déclarations.

Même si on n’avait pas de déclarations de ce genre, on reconnaîtrait facilement dans la poésie portugaise

  1. Cf. Mme de Vasconcellos, loc. laud., p. 188, et suiv.