Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/292

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dour. Le roi devait considérer la poésie comme un art bien frivole ; la reine, Marguerite de Provence, ne ressemblait guère à Éléonore d’Aquitaine qui avait occupé le trône de France avant elle et en qui revivait le caractère gai et original de son aïeul, Guillaume de Poitiers. Il n’y avait pas de place pour un poète de langue étrangère dans une cour où les poètes français n’excitaient eux-mêmes aucun intérêt. Les centres littéraires étaient ailleurs qu’à Paris ; ils étaient à Troyes, à Arras surtout où un groupe de bourgeois cultivait et honorait la poésie comme l’avaient fait avant eux les grands seigneurs du Midi.

Riquier se tourna vers un protecteur plus bienveillant, le roi de Castille, Alphonse X le Savant (1252-1284). La libéralité d’Alphonse X était devenue proverbiale et les troubadours accoururent en foule auprès de lui. Il était poète lui-même et Guiraut Riquier se trouva en relations, non seulement avec de nombreux troubadours, mais aussi avec les principaux représentants de l’école galicienne dont Alphonse X était un des chefs. Dans ce milieu un peu cosmopolite la lutte pour la vie et pour la gloire dut être rude ; certaines allusions obscures de notre poète permettent de le deviner ; cependant Guiraut Riquier paraît être resté, de 1270 à 1279, un des poètes favoris du roi de Castille.

Il profita bientôt de la bienveillance royale pour adresser à son maître une curieuse requête au sujet du nom des « jongleurs ». Le jongleur fut, dès les origines de la poésie provençale, l’auxiliaire indis-