Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des troubadours. Les troubadours grands seigneurs — et ils n’étaient pas rares à l’origine — leur confièrent souvent le soin de réciter leurs poésies. Leur rôle avait grandi avec le temps.

Mais la vie errante que menaient les jongleurs les mettait en relations avec une société bien mêlée et on a pu voir, dans un précédent chapitre, que plus d’un y prenait de mauvaises habitudes. De plus on confondait sous le nom de jongleurs toutes sortes de gens, depuis le vrai jongleur, chargé de réciter des poésies, jusqu’aux montreurs d’ours, de chiens, de chats ou d’oiseaux dressés ; les types les plus connus de la foire et du cirque voisinaient — sous une dénomination commune — avec les auxiliaires les plus précieux des poètes. Cela ne pouvait durer. L’Église avait établi des distinctions parmi la bande hétéroclite des jongleurs, tolérant les uns et retirant ses bénédictions à ceux qui déshonoraient la corporation. Pour des raisons de haute convenance poétique Guiraut Riquier demanda au roi Alphonse une distinction du même genre. Et il rendit, à la place du roi, ou peut-être sur son conseil, un décret en forme, ordonnant de nouvelles dénominations.

Il y aura désormais quatre catégories dans le monde de ceux qui écrivent des poésies ou qui en vivent : au plus bas degré sont les bateleurs qui mènent une vie honteuse ; un seul nom leur convient, celui qu’ils ont en Lombardie, « bouffons ».

La classe suivante comprendra les vrais jongleurs ; ceux-là ont du savoir-vivre, leur courtoisie et leur