Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/307

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dieux étaient bien morts et la nuit avait définitivement succédé au crépuscule.

La nouvelle École malgré son titre de Consistoire de la Gaie-Science ou Gai-Savoir eut des tendances exclusivement morales et religieuses. Le culte de la femme qui avait fait la gloire de la poésie des troubadours y devint le culte de la Vierge. Mais ces chansons à la Vierge avaient donné — avec Guiraut Riquier et ses contemporains — la mesure de la grâce et du charme qu’on y pouvait atteindre. Les thèmes de la lyrique religieuse ne présentaient pas en effet la même variété que ceux de la lyrique profane. La monotonie était facile à prévoir ; elle caractérise toute cette poésie du xive et du xve siècle. Les mainteneurs — ainsi se nommaient les fondateurs de la nouvelle école — avaient pris soin d’exclure à l’avance tout ce qui pouvait la rompre. Ils n’admirent d’autres genres que ceux qu’on avait déjà traités et où depuis longtemps toute sève était morte. Leur poésie ne fut qu’une poésie de forme, essentiellement académique. On renchérit sur les difficultés métriques que les troubadours avaient léguées, on leur emprunta leurs plus graves défauts, les choses caduques : la rime difficile et recherchée, le style obscur, et de tout cela sortit une poésie correcte, parfois élégante, mais, artificielle, très froide et très monotone.

Ceux-là s’en aperçurent qui demandèrent à la nouvelle école des modèles et des règles. La littérature catalane doit à l’imitation de l’école toulou-