Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/308

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saine la plupart de ses défauts. Les destinées de cette littérature sont semblables à celle de l’école poétique qu’elle imite, et à laquelle elle emprunte son code. La poésie religieuse y fleurit, la recherche et la préciosité y règnent. Elle est, elle aussi, une littérature académique qui se prolonge sans éclat pendant plusieurs siècles.

L’éloge continuel de la Vierge amena une étrange confusion et créa une légende qui encore aujourd’hui a la vie tenace. On appliqua à la mère de Dieu toutes les métaphores que contiennent les litanies et les hymnes à la Vierge. La mère du Christ était la Vierge Clémente, miséricordieuse, chargée d’intercéder pour les pécheurs auprès de son fils ; elle devint la Clémence personnifiée. Au xve siècle on supposa qu’il avait existé une illustre famille toulousaine du nom d’Isaure, on fit remonter à un membre de cette famille l’honneur d’avoir fondé les « Jeux Floraux » et le mythe de Clémence Isaure (qui ressemble étrangement à une mystification) fut créé.

Nous n’avons pas à poursuivre l’histoire de cette poésie dans les temps modernes. On sait avec quel éclat Mistral et son école l’ont fait revivre alors qu’on la croyait morte pour toujours. Sans doute les conditions sociales, politiques et autres ne sont plus les mêmes qu’au temps de Guillaume de Poitiers ou de Bertran de Born ; elles ne sont pas cependant telles que la poésie provençale, dont le siècle précédent a vu la renaissance, ne puisse vivre