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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/104

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GONZAGUE.

Ah ! enfin… La jeune fille ?… et le parchemin.

PEYROLLES.

Sont à nous… à la petite maison de la rue Saint-Magloire.

GONZAGUE.

Bien… bien… (À part.) À présent, à nous deux, Lagardère… et je ne te ferai ni grâce ni merci… (À haute voix, vivement.) Je supplie humblement Votre Altesse royale de ne renvoyer personne ; si un homme comme M. de Lagardère a besoin d’ombre et de mystère… un homme comme moi, monseigneur, ne veut que la lumière et l’éclat… M. de Lagardère vient ici pour m’accuser, je le sais, et je voudrais que cette étrange accusation eût encore plus de témoins… ce n’est pas seulement devant vous, monseigneur, devant vous, madame, que je veux confondre, écraser la calomnie… c’est devant tous…

LE RÉGENT.

Je vous approuve, M. de Gonzague, si l’attaque a été sourde et secrète, éclatante et publique sera la défense. (Aux autres seigneurs.) Restez, messieurs.

GONZAGUE.

Oh ! je n’aurai pas à me défendre, monseigneur, avec M. de Lagardère, je ne vois pas la personne qu’il prétend être la fille de Philippe de Lorraine.

LE RÉGENT.

En effet, pourquoi cette personne n’est-elle pas avec vous, monsieur ?

LAGARDÈRE.

Monseigneur, j’avais dû m’assurer qu’il me serait permis d’arriver jusqu’à Votre Altesse royale. Je suis donc venu seul d’abord, puis prévoyant que je pourrais être retenu, soit par la volonté de Votre Altesse, soit par quelqu’autre empêchement… j’avais pris mes mesures… Et à l’heure que je vous ai dite, monseigneur, à minuit, mademoiselle de Nevers sera amenée ici et présentera elle-même, à Votre Altesse, les pages arrachées du registre paroissial par Blanche de Caylus, précieux dépôt qu’elle m’a confié il y a quinze ans, lorsque croyant donner son enfant à Philippe de Nevers, elle me le remettait à moi, qui, dans les fossés de Caylus, lui avais dit la devise de Nevers, signal convenu entre elle et le duc Philippe.

LA PRINCESSE.

C’est vrai, monseigneur.

LE RÉGENT.

Et ce pli scellé est, dites-vous, en votre pouvoir ?