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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/105

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LAGARDÈRE.

Il est entre les mains de mademoiselle de Nevers.

GONZAGUE, à part.

Et mademoiselle de Nevers est à moi.

GONZAGUE.

J’ose encore adresser une prière à Votre Altesse, je lui demande de lever les arrêts de M. de Lagardère et de lui permettre d’aller sous bonne escorte chercher lui-même ces terribles preuves dont il me menace et que je lui porte le défi de produire. Il faut en finir avec cette monstrueuse comédie et l’heure à laquelle elle devait commencer a sonné depuis longtemps, voyez, monsieur, voyez. (Il tire sa montre et la présente à Lagardère.)

LE RÉGENT, à Bonnivet.

Monsieur le capitaine des gardes, accompagnez M. de Lagardère.

LA PRINCESSE.

Partez, monsieur, partez.

GONZAGUE.

Oui, partez, partez !

LAGARDÈRE, qui pendant ce temps regardait Gonzague.

Ah ! madame ! priez Dieu que je n’arrive pas trop tard ! (Il va s’élancer au dehors, mais à ce moment Cocardasse se détache de la foule, montre vivement à Lagardère sa main dégantée, puis laisse tomber son gant devant lui.)

LAGARDÈRE.

Ah !…

LA PRINCESSE.

Qui vous retient ? qui vous arrête ? pourquoi pâlissez-vous ?

LAGARDÈRE.

Ah ! madame, quant au prix de ma vie je voulais sortir du palais… c’est qu’une voix secrète me disait la fille de Nevers est en danger !…

LA PRINCESSE.

En danger… ma fille… oh ! mais je la défendrai, moi !…

LAGARDÈRE.

Oh ! madame, à l’heure où nous parlons… elle est morte, peut-être.

TOUS.

Morte !

LAGARDÈRE.

Si on me l’a enlevée, c’est pour la faire disparaître, la tuer… monseigneur me voilà seul et sans preuves devant vous. Mais Dieu est juste, il fera un miracle. Trois jours,