Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LAGARDÈRE.

Eh ! mon Dieu ! oui, connaissez-vous ce grand diable de Bélissen.

COCARDASSE.

Le baron de Bélissen ?

PASSEPOIL.

Bélissen le bretteur ?

LAGARDÈRE.

Bélissen le défunt.

COCARDASSE.

Il est mort ?

LAGARDÈRE.

Naturellement, puisque je l’ai tué. Il a voulu jouer au croquemitaine avec moi, cela m’a déplu ; et, comme j’avais promis à Sa Majesté, quand elle daigna me créer chevalier, de ne plus lancer de paroles injurieuses à personne, je me bornai à lui tirer les oreilles. Cela ne fut pas de son goût.

COCARDASSE.

Je le crois.

LAGARDÈRE.

Il me le dit trop haut, et je lui donnai derrière l’arsenal un coup droit sur dégagement… à fond.

COCARDASSE, s’oubliant.

Ah ! coquinasse que tu l’allongeais bien, ce coup-là.

LAGARDÈRE, se levant.

Hein, à qui parlez-vous ?

COCARDASSE.

Ah ! pardon ! pardon ! (Il s’incline.)

LAGARDÈRE.

Voilà la justice, on me devait la prime puisque j’avais abattu une tête de loup ! on m’exile ; mais j’ai juré que je ne passerais pas la frontière sans me permettre une dernière fantaisie et je la tiens, ma fantaisie. (Il frappe sur la lettre.) Dites-moi, mes vaillants, vous avez entendu parler de la botte de Nevers !…

TOUS.

Parbleu !

LAGARDÈRE.

Cette botte maudite était ma bête noire, elle m’empêchait de dormir ; d’ailleurs, ce Nevers fait trop parler de lui, à la cour, à la ville, au cabaret à la caserne, je n’entendais plus qu’un nom Nevers, Nevers. Un soir, mon hôtesse me servit des côtelettes à la Nevers, je jetai le plat par la fenê-