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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/25

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voilà maintenant qui prétend me forcer à lui conter des histoires ! Voyons, embrassez-moi cela, père… doucement… bien doucement… là, là, assez d’embrassades, papa ! Nous sommes déjà de vieux amis, la Minette et moi… couchons-la d’abord sur ces bottes de foin. (Il la couche sur le foin.)

NEVERS.

Ah ! chevalier !

LAGARDÈRE, avec noblesse.

Maintenant je réponds d’elle sur ma vie, monsieur le duc ! J’expie ainsi, autant qu’il est en moi, une double insulte, à vous d’abord qui êtes la loyauté même ! et à sa mère qui est une noble femme.

NEVERS.

Vous avez vu mademoiselle de Caylus ?

LAGARDÈRE.

J’ai vu madame de Nevers.

NEVERS.

Où cela ?

LAGARDÈRE.

À cette fenêtre.

NEVERS.

Et c’est elle qui vous a confié…

LAGARDÈRE.

Ce trésor ?… Oui… croyant vous le remettre à vous-même ! Oh ! ne cherchez pas à comprendre… il se passe ici d’étranges choses, monsieur le duc, et puisque vous êtes en humeur de bataille… Pardieu, vous en aurez tout à l’heure à cœur joie.

NEVERS.

Une attaque ?

LAGARDÈRE.

Un assassinat ! ordonné par un homme que je ne connais pas, mais qui se fait appeler monseigneur, et qui vous nomme son beau cousin.

NEVERS.

Gonzague ! un ami ! presque un frère !… Ah ! chevalier, cela n’est pas possible !

LAGARDÈRE, fourbissant son épée.

Je ne sais pas si cela est possible, mais je sais bien que cela est… et comme je ne vous crois pas d’humeur à fuir devant les assassins.

NEVERS.

Non, pardieu ! je les attendrai, ne fût-ce que pour savoir quel est le bandit qui les paye.