Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

COCARDASSE, à l’apprenti qui veut prendre la lame.

Eh ! bagasse ! On ne touche ceci qu’avec respect et componction. — Cette lame, vois-tu, a touché plus de poitrines que tu n’as de cheveux sur le crâne… Jamais elle n’a manqué son homme, sandieu !

TONIO.

Jamais ?

COCARDASSE.

Jamais !

TONIO.

Oh ! que de rouille !

COCARDASSE.

Tu appelles cela de la rouille, pécaïre ! c’est du sang !

TONIO.

Du sang !

COCARDASSE.

Que voulez-vous, cette folle de Pétronille. — Pétronille c’est ainsi que je l’appelle, en souvenir d’une duchesse qui m’honora de quelques bontés, Pétronille ne peut pas se tenir tranquille… quand on agace son seigneur et maître… elle frémit de la pointe à la garde… elle s’élance d’elle-même hors du fourreau ; quand une fois elle est en jeu, elle touche, et quand elle touche, elle tue !…

TONIO.

Souvent ?

COCARDASSE.

Toujours !

TONIO.

Vraiment !

COCARDASSE.

Eh ! bagasse… vous en doutez… Pétronille… on doute de vous, ma chère… Eh ! tiens… elle va toute seule te trouver… Où veux-tu qu’elle te touche… comment veux-tu qu’elle te tue ?… (Poussant des bottes.) Ah ! ah ! ah !

TONIO, reculant.

Mais je ne doute pas… je ne doute pas… Donnez-moi votre Pétronille, je vais vous la rendre brillante comme un rayon de soleil, bonne lame !

COCARDASSE.

Je le crois bien ! Pétronille n’a pas sa pareille.

TONIO.

Oh ! nous avons mieux que ça, ici.

COCARDASSE.

Allons donc fais voir un peu.