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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/34

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FLOR.

Oui, j’ai un peu grandi et je suis moins laide.

TONIO.

Laide ! Elle est très-jolie, cette petite mécréante.

FLOR.

Je vous ai reconnue tout de suite, moi, et je vous ai suivie… car j’avais besoin que vous me disiez : Ma petite Flor ; je t’aime toujours, et je te pardonne.

BLANCHE.

Eh ! qu’ai-je à te pardonner ?

FLOR.

Mon ingratitude… vous m’aviez recueillie et vous me traitiez, toi, comme une sœur… lui, comme une fille… mais je devais vivre ainsi que toi comme une recluse… Ne voir le soleil qu’à travers une jalousie toujours baissée, et il me faut à moi, l’air, l’espace, la liberté. Un jour je vis passer Nathaniel, le chef de la tribu qui m’avait adoptée ; le soir de ce jour là, je t’avais quittée, toi, mon bon ange.

BLANCHE.

Oh ! je te pardonne, car je suis bien contente de te revoir… Tonio, tu peux nous laisser.

TONIO, à Flor.

Fille maudite ! savez-vous si la petite Pépita qui sera certainement damnée comme vous, danse aujourd’hui sur la place de l’Inquisition ?

FLOR.

Oui… un pas nouveau et il y a déjà foule, je vous en préviens.

TONIO.

Oh ! je me ferai faire place. (Il sort en courant.)


Scène IV

FLOR, BLANCHE.
FLOR.

Tu me permets donc de rester quelques minutes avec toi ?

BLANCHE.

Je t’en prie… elles sont heureuses celles qui ont des compagnes à qui confier le trop plein de leur âme… Peine ou bonheur… moi je suis seule, toujours seule.