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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/38

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Scène VI

TONIO, HENRI, CHAVERNY.
HENRI entre soutenant un peu Chaverny dont le costume est en désordre. — Henri tient à la main le tronçon de l’épée de Chaverny.
CHAVERNY.

Vive Dieu ! mon maître, je ne connais pas, même à Versailles, votre pareil pour jouer de l’épée encore n’aviez-vous en main qu’une mauvaise lame déjà rompue dans la lutte.

HENRI.

Tonio, vite un verre d’alicante à ce gentilhomme.

CHAVERNY.

Oh ! je vais mieux, quoique je me sente encore étourdi par le coup de bâton que j’ai reçu. Terrible coup ma foi, qui après avoir brisé l’épée dont j’essayais de me couvrir a bien failli me fendre le crâne. Les lâches ! les bandits ! Hum ! Tuer d’un coup de stylet, passe encore, mais d’un coup de bâton ! Pouah ! c’est ignoble !

HENRI.

Ces misérables gitanos ne sont pas même chrétiens, ils n’ont ni foi, ni loi, qu’alliez-vous faire en si mauvaise compagnie ?

CHAVERNY.

Pourquoi ces drôles ont-ils avec eux de si jolies filles.

TONIO, apportant le vin.

Votre Excellence veut parler de la Pépita.

CHAVERNY.

Oui, c’est la plus piquante créature !… Aussi, je jure bien de la leur enlever, cette petite ferait merveille à l’Opéra. (Regardant autour de lui.) Ah ! ça, où m’avez-vous conduit mon maître ? chez un armurier, je suppose.

HENRI.

Vous êtes chez moi.

CHAVERNY.

Vraiment ! Alors mon brave, faites-moi vite remplacer cette épée de parade.

HENRI.

Tonio, choisis pour ce gentilhomme ce que nous avons de plus fin et de mieux trempé. Et maintenant, monsieur, voulez-vous bien goûter mon vin ? (Ils s’attablent.)

CHAVERNY.

Il est excellent, mais je n’achèverai ce verre qu’en buvant à votre santé. (Ils trinquent.) Vous avez dû être soldat ?